Trystan est un grand solitaire, il déteste les gens, la simple idée de se retrouver au milieu d’une foule d’autres humains le rend nerveux, pas peureux, il n’a peur de rien, sauf de se faire démembrer, c’est une mort glauque. Pour rien au monde il irait dans la foule, et tout cela pour une simple raison : tout le monde le désigne du doigt, se moque de lui, ça l’énerve, le met hors de lui. Et dans cette nouvelle vie, mettre la mort en colère est une étrange idée, mais bon.

Dans les rares moments où il accepte de se sociabiliser avec les autres, ces étranges personnes, le plus souvent instables mentalement, il vous regarde avec un air supérieur, comme s’il savait des choses sur vous, que vous-même ne saviez pas. Il est arrogant, parfois trop. Il vous observe comme un petit animal qui se serait posé sur son bras, parfois intéressé, parfois totalement méprisant. C’est en quelque sorte une forme de bipolarité, tantôt il vous sourit, tantôt il vous plante un hachoir dans le crâne. Toutefois, il ne tue que pour le travail, et puis une fois au chalet. Il reste le plus souvent calme, las de la vie, désespéré de tout.

Son concept l'handicape fortement d'un point de vue physique, il n'est absolument pas taillé pour se battre, il se contente de faire disparaître les autres. On pourrait faire le tour de son ventre d'une main tellement il est maiiiigre. Il est entièrement pâle, la moindre parcelle de vie a été retirée de son corps.

Trystan dans sa précédente vie était un soldat, envoyé sur un front quelconque de cette planète pourrie. Ses ordres étaient de récupérer des renseignements importants pour mettre un terme à ce bain de sang, il était le chef de son escouade, aussi le seul survivant. Après qu’une pluie de mortiers aient balayés les membres de son escouade, il ne pouvait compter plus que sur lui, son calibre .38 et sa chance. Malheureusement, face à une armée de cinq cents hommes, il ne pouvait pas grand-chose. Certes, il put en tuer quelques-uns avant de se prendre une balle dans le bras, l’empêchant alors toute riposte, et précipitant son destin vers les prisons ennemies.

A son réveil, un homme cagoulé l’attendait, un fer à la main. Sa blessure avait été soignée et il ne lui restait qu’un pantalon souillé, lacéré et puant. Il savait pourquoi il était encore en vie, l’ennemie avait besoin de la position de tous les camps alliés, les entrepôts, les zones de débarquement prévues.

Au début, c’était de douces tortures qu’on lui fit subir, des coups de fouets, des coups. Son nez avait été cassé, c’était peu encore. Et puis… Un nouvel homme arriva, personne ne le connaissait, il avait un masque de théâtre sur le visage pour le camoufler. Là, tout prit une dimension exagérée. On commença par lui casser une jambe avec un énorme tuyau rouillé, on testa à de nombreuses reprises un défibrillateur sur lui, on en vint même à lui enfoncer des clous dans les pieds et les mains. Comme pour un certain Jésus Christ. Sauf que lui, ils n’allaient pas le laisser mourir comme ça, quand Trystan s’apprêtait à s’envoler vers un monde de paix, un homme venait lui enfoncer une seringue dans le cœur pour libérer assez d’adrénaline pour le garder encore en vie le temps d’un autre supplice.

Un œil venait de lâcher, il ne sentait plus son bras droit, en avait-il encore un ? Et là, la délivrance. Un soulagement au bout d’une semaine de tortures atroces. La mort vint le chercher, et il l’accueillait à bras ouverts.