Tobias ? Comment est-il mentalement...
Son concept étant le courage, on pourrait s'attendre à quelqu'un de très héroïque et téméraire, le genre qui fonce à la moindre occasion, risquant sa vie pour un oui pour un non. Il n'en est rien. Bizarrement, il n'a rien de particulièrement courageux. Non pas que ce soit un pleutre, mais il évite juste de se mettre dans des situations dangereuses. Cependant, lorsque c'est nécessaire, que des vies sont en jeu, il n'hésite pas à entrer en jeu. Même lorsque la peur le prend au cou, il parvient à trouver ce qu'il faut de courage pour agir.

C'est quelqu'un de paisible et serein. Il apprécie la compagnie, il est gentil, attentionné, souriant, généreux ; en bref, il est adorable. Il est rarement de mauvaise humeur ou malheureux, tout simplement car il n'aime pas l'être, et qu'il voit les choses du bon côté. Difficile de ne pas apprécier quelqu'un qui a un caractère d'ours en peluche.

Il n'a pas beaucoup de défauts, Tobias. Il est simple et ne se prend pas la tête, d'ailleurs on peut le considérer de naïf, étant donné qu'il a souvent tendance à laisser les mauvaises choses au dernier plan pour se focaliser sur ce qui est agréable. Il aime le pain frais, la mer et faire la sieste au soleil ; en toute logique il déteste la pluie. Les petits choses simples sont ses préférées et il n'a jamais aimé les grandes cérémonies, les grandes idées, tous ces trucs qui ne l’intéressent pas.

En bref, on ne peut pas rêver mieux comme ami fidèle, compagnon de route ou pourquoi pas amant ?

« Hodge. »

Tobias ne réagit pas à l'appel de son nom, plongé dans ses pensées vagabondes. Le vent agitait ses boucles rousses, ses yeux verts rivés sur le désert qui s'étendait à perte de vue. Ses pensées étaient devenues son meilleur échappatoire dans cet endroit où le soleil vous assommait et où les coups de feu retentissaient sans cesse. Il préférait songer au pays qu'il avait quitté plutôt qu'à ce qui l'attendait peut être au bout de ce voyage en jeep en plein désert afghan : les fusils, les mitraillettes, les grenades et pourquoi pas la mort ? Il avait déjà vu des amis tomber tout prêt de lui et commençait sérieusement à regretter de s'être engagé. Il aurait du rester à Londres, là au moins il...

« Hodge ! »

Il sursauta et se tourna vers son supérieur qui le toisait, sévère. Tobias n'avait même pas remarqué que la jeep s'était arrêtée. Il sentait distinctement la tension de ses compagnons.

« En reconnaissance, tout de suite. »

Le soldat déglutit lentement, rehaussa son arme en bandoulière et se leva, la boule au ventre. Il avait le don ne pas être apprécié de ses supérieurs. Trop rêveur, pas assez performant, trop lent à la détente. Les meilleurs soldats de leur division étaient déjà tombés en fonçant au combat faire leur devoir ; jamais en première ligne, ce bon à rien de Hodge n'avait pas eu une égratignure.
Non pas qu'il avait peur, il savait très bien ce qui l'attendait en s'engageant après que celle qu'il pensait être la femme de sa vie l'eut plaqué. Il avait juste, jusqu'ici, eu la chance de ne pas être prit pour cible par leurs ennemis. Peut être avaient-ils pitié de ce jeune type à l'air pas très assuré.
Ce n'était pas le cas du caporal qui prenait un malin plaisir à lui refiler tous les boulots désagréables.
D'un pas chancelant, Tobias sortit de la jeep. L'air chaud du désert tomba sur ses épaules comme une masse. Il fit quelques pas, les mains moites serrées sur son arme. Il se tourna vers les autres, haussa les épaules.

« Y'a rien-- »

Un coup de feu retentit dans le lointain, mais la balle qui en résulta heurta le capot de la voiture. Elle n'était passé qu'à quelques centimètres de Tobias.
Tout se passa très vite. Les soldats sortirent, mirent en joue les embusqués, firent feu, et les adversaires de répondre de plus belle. Le balles sifflèrent et il ne fallut pas plus d'une seconde à Tobias pour comprendre que s'il ne se battait pas, c'en était fini de lui.
C'est ce qu'il fit, malgré la terreur. Son concept a beau être le courage, à ce moment là il n'en eut pas la moindre trace. Il avait peur. Réellement peur, mais fut soulagé de constater que les hommes avec lui avaient l'air tout autant terrifiés. Le dura fut court, quelques minutes à peine... du moins pour Tobias, cela ne dura que quelques courts minutes. Il quitta le raid en plein milieu, subitement.

Il commença par voir un de ses meilleurs amis dans le régiment tomber face contre terre. Son sang tâcha le sable, mais seulement au niveau de la jambe. Il était éloigné du groupe et déjà des ennemis s'approchaient pour l'achever. Le sang de Tobias ne fit qu'un tour. Il n'avait pas beaucoup d'amis dans ce bas monde, et ne laisserait sûrement pas celui se faire achever à terre. Il courut, abattit le premier type cagoulé qui s'approcha du soldat au sol. Le second. Il eut le temps d'en toucher un troisième avant d'être prit définitivement pour cible par plusieurs armes. Une première balle le heurta à l'épaule. Il hurla. Une seconde au genou. Il chuta. Une troisième au ventre. Il hurla.

Il put constater avec soulagement que quelqu'un était venu en aide à son ami au sol tandis que l'attention de leurs ennemis était focalisée sur lui. Il sourit, ignorant l'armure pointée sur son front, amusé de penser que la seule action courageuse qu'il avait pu faire dans sa vie sauva celle de quelqu'un d'autre.

Un ultime coup de feu l'arracha à la vie, sans le départir de son sourire paisible.