On se rend compte de l'importance des choses lorsqu'elles ne sont plus les siennes. Mary, elle vit pour ce principe. Littéralement. Quand elle se réveille le matin, la seule chose qui remplis ses pensées, ce sont ces paroles. Enfin, d'autres choses, aussi, mais principalement cette phrase.

Mary, elle peut faire attention aux objets comme elle sait ne pas en prendre soin. C'est un peu le genre de fille qui va dire qu'elle fait très attention aux gens qui l'entoure, pour ensuite les décevoir graduellement. Ce n'est pas sa faute, c'est son caractère quelque peu impulsif et sa langue bien pendue qui fait le travail. Elle, elle est une fille quand même bien, au fond. Malgré ses yeux froids et distants, et ses mouvements de grosse brute. Enfin, 'grosse brute', on y va un peu fort. Mary, elle sait être féminine, petite jupe, talons hauts, lèvres rouges pétants, et un caractère très conventionnel. Enfin, ça, c'est quand vous ne l'énervez pas. Elle sait se montrer violente et terriblement agressive. En même temps, c'est bien la Guerre.

Arts martiaux, fusils, explosions, ce sont les armes de prédilections de notre chère Mary. Mary, elle va vous transpercer le crâne tout en gardant un sourire planté sur son visage. Elle va se mettre à vous sauter dessus et ce, tout en gardant ses talons hauts et son regard d'aguicheuse. Parce que Mary, elle est consciente de son charme, et elle en fait sa force et non sa faiblesse comme certaines personnes aimerait bien croire.

Le truc avec miss Ginsberg, c'est que des problèmes, elle les accumule comme on collectionne les rouleaux de papiers toilettes. En même temps, c'est la directrice de la sécurité sur l'île, donc en gros, elle se fait beaucoup, beaucoup d'ennemis junkies. Parce qu'elle les fout dehors, dans le coin campagnard, ne s'occupant pas de ce territoire. Et vous savez quoi? Elle adore avoir des problèmes, des ennemis, de l'adrénaline. Juste le fait de pouvoir écraser son poing dans la tronche de quelqu'un lui est terriblement gratifiant. Et c'est gratifiant pour son entourage qui n'a pas besoin de l'entendre râler à longueur de journée.
Enfin, si on oublie toutes ces petites choses, Mary est vraiment sympathique et elle regrette souvent ces gestes. C'est pas rare de la voir pleurer comme une grosse tarte à la fin de sa journée de travail.

I thought that I was safe and sound, but I was wrong.

Quand on lui a demandé de porter l'étoile de David sur ses vêtements, Mary n'hésita pas une seule seconde. Elle ne comprenait pas pourquoi la plupart des gens louchait sur ce symbole de religion. Enfin, elle se dit que c'était pas bien grave. Si seulement.

Vous l'aurez comprit, on se trouve en Allemagne pendant la Seconde Guerre Mondiale, la famille Ginsberg étant de fervents juifs très fiers et riches, surtout riches. Une famille bien correcte, une fille unique, un peu trop gâtée. Mais sinon il n'y avait pas de haut ni de bas, juste le milieu. Alors quand on leur demanda de quitter leur manoir pour venir dans un de ses endroits où les nazis gardait les juifs comme des chiens, vous aurez compris qu'ils ont refusés. Mary était encore trop jeune pour avoir un 'sens de jugement' et c'est aussi ça qui l'a gardée en vie. On la sépara de ses parents, et elle ne les a plus jamais revu. Enfin, ce n'était pas le temps de penser à cela. Et puis, elle s'entendait bien avec ces amis juifs.
Si seulement il n'y avait pas cette guerre.

Mary grandit prématurément. Pourquoi? La guerre. La guerre change les gens, ça les transforme. Y'a quelque chose qui se passe dans leurs cerveaux, et ça devient moche, là-dedans. C'est jamais beau et rose. Jamais. Est-ce possible d'être heureux quand les gens autour de toi crèvent petit par petit? Jamais. Mary, elle ressentait de la rage et de révolution. Elle voulait crier, briser, déchirer avec les dents. Mais elle ne pouvait pas. Pas tout seule.

Elle devait se trouver des gens comme elle, qui allait agir comme elle et qui allait croire en elle. En tant que femme, cela aurait jamais été possible. En tant qu'homme? Oui.
Elle mit du bandage autour de sa poitrine pour cacher celle-ci et prétendit que c'était qu'elle avait des problèmes aux côtes qui l'obligeait d'avoir ce truc. Les juifs, ayant soif de vengeance, n'y virent que du feu. Au début, on ne faisait que parler d'un monde meilleur où les nazis n'était plus. Un monde magnifique, certes loin d'être parfait, mais un monde égalitaire. Mary, se faisant prénommer Mark, avait été capable de gagner la confiance de ses 'amis' en quelques jours, les gens sont tellement désespérés, que lorsqu'ils voient une lumière au bout du tunnel, ils se mettent à courir en ne se demandant même pas si ce qu'ils voient est un mirage.
Ils foncent, aveuglement, vers une mission suicide.
On parlait de grandes explosions, de batailles sanguinaires qui marquerait l'histoire. Des mauvais choix pour avoir des bons résultats. C'est ça qu'on ne cessait de répéter, encore et encore, en se disant qu'on avait raison de faire cela.
Hélas.

Mark fonça tête première dans un rang de soldats, sachant très bien qu'elle ne pourrait jamais en revenir vivante. Mais elle sentait les gens derrière elle, les cris, les coups de feux, et ça lui donnait du courage. Parce qu'elle n'était pas seule. Elle ne l'était plus. Elle ne le serait plus.

Quand on lui planta une balle dans le torse, elle fit exploser une grenade juste à côté d'elle pour faire le plus de victimes possible. Crever pathétiquement? Non, merci. Si elle était pour mourir, autant apporter ces salauds avec elle.